Alex PIERRE, STAV et Forêt

 

Bonjour Alex,

              

Peux-tu nous dire quel a été ton parcours scolaire à l’Iseta mais aussi après ?

 

J’ai d’abord réalisé un BAC STAV (Science et Techniques de l’Agronomie et du Vivant), avec un stage en apiculture effectué durant cette formation. Puis j’ai poursuivi ma formation par un BTS Gestion Forestière. Par la suite, j’ai continué mes études à Nancy, en Licence d’agronomie Option développement durable des territoirs et management des entreprises rurales, agricoles et forestières. Via cette formation, je suis parti en Afrique pendant 8 mois, à Madagascar, où j’ai été responsable d’un projet de développement de l’apiculture dans le nord-est de l'île. Je réalisais l’étude du comportement des abeilles locales, des ressources en nectar et pollen, des tests d’implantation de ruches plus modernes...

 

Étudier des échantillons de plantes, m’intégrer aux locaux, visiter des villages et des apiculteurs parfois très isolés, partir en forêt plusieurs jours pour étudier le comportement des abeilles, réaliser des tests avec différent types de ruches, former les apiculteurs et les paysans locaux, inventorier les différents types de miels, autant de missions que j’ai réalisé durant cette période si enrichissante...

  

           

Quel est ton parcours professionnel depuis la fin de tes études ?

 

J’ai fondé mon entreprise à mon retour en France en 2011, même si parallèlement à cela, j’ai été embauché en station de ski, où j’occupais un poste polyvalent de contrôleur, caissier, puis au fur et à mesure des années, j’ai reçu des formations pour augmenter ma polyvalence dans ce domaine, j’étais alors agent d'accueil, caissier, contrôleur, je conduisais les télésièges, et je réparais (réparations simples) les bornes de détections et de contrôle des forfaits.

J’exerçais cette activité au début à plein temps en même temps que mon entreprise, puis à mi-temps, puis uniquement les weekends. J’ai développé mon entreprise et appris beaucoup.  Aujourd’hui, je fais aussi bien de la gestion de personnel, des recrutements, du commercial, de la comptabilité, des interventions dans les écoles pour parler des abeilles, des achats de matières premières, de la sélection des matières premières, j'élabore des recettes, je gère le cheptel de ruches de mon entreprise, … un poste ultra polyvalent où il faut être bon partout en tant que chef d’entreprise.

Ma société compte actuellement 3 personnes, 12 à 15 sur les grosses périodes avec des CDD, nous disposons d’un bâtiment de 500m2, de 3 machines de conditionnement…

Il y a un an, j’ai fondé une nouvelle entreprise, toujours dans le domaine de l’alimentaire, où nous créons des produits alimentaires 100% Français, le plus possible locaux, et surtout beaux, bons et rigolos.

Nous sommes actuellement en train de créer un groupe alimentaire avec mon associé, regroupant toutes nos entreprises et activités.

 

 

En quoi ta formation à l’Iseta t’a-t-elle permis de réussir dans ton parcours professionnel  et finalement, que t’as apporté l’ISETA ?

 

La formation forêt et le BAC STAV m’ont donné des bases sur le plan commercial mais pas seulement. Ce cursus m’a également ouvert les yeux sur l’environnement et ses ressources, ce qui m’a permis de mieux comprendre l'interaction entre les hommes et leur environnement.

 

 

Quel est le quotidien de ton métier aujourd’hui ?

 

Aujourd’hui, je gère une entreprise au quotidien, c’est à dire le personnel, les relations avec les différents partenaires, les banquiers, le comptable, les fournisseurs, les clients… Il faut toujours avoir une longueur d’avance et voir loin pour prévoir l’avenir pour savoir ce que l’on fera demain. C’est une réflexion permanente sur des projets à moyen et long terme, sur l’orientation de l’entreprise, sur les nouveaux produits, sur la clientèle cible...

 

 

Ce quotidien fait-il appel à des savoirs acquis en formation ?

 

Oui, bien sûr, mais pas que. Mon métier actuel me demande des compétences que j’ai acquises soit sur le terrain directement dans la gestion de mon entreprise, soit lors de mon expérience en Afrique, qui m’a beaucoup apportée.

 

 

Quelques mots sur tes deux sociétés, tes produits, et tes projets (fais-ta pub en somme) ?

 

La société que je dirige s’appelle CHERCHEUR DE MIEL. Créé il y a 5 ans, nous proposons des miels du monde entier (Italie, France, Espagne, Hongrie, Roumanie, Bulgarie, Madagascar, Zambie, bientôt Cuba et Amérique du sud…) ainsi que des recettes que j’élabore moi même, et que nous fabriquons dans notre atelier à SCIONZIER, tout comme les produits dérivés du miel. Nous sommes également producteurs avec nos propres ruches. Nous installons des ruches en montagne et notre miel est quasiment vendu en totalité aux stations de ski, aux grands hôtels comme l’Albert 1er, Les Servages d’Armel....

Cette société est passée par des hauts et des bas, jusqu’à présent, cela a été un réel parcours du combattant mais tellement formateur ! Aujourd’hui, je pense que cela commence à se stabiliser enfin. J’ai créé cette entreprise seul, puis je me suis associé pour booster l’entreprise. Récemment, j’ai racheté les parts de mon ex associé sur CHERCHEUR DE MIEL, car la collaboration n’était plus possible - nous n’avions plus les mêmes objectifs et ambitions.

A ce jour, nous sommes en plein référencement chez BIOCOOP, j’ai multiplié le fichier client par 2, et nous avons plusieurs perspectives de développement très intéressantes.

 

J’ai également créé BOUQUETIN BLANC Distribution il y a un an et 4 mois environ, avec comme but de créer des produits alimentaires rigolos, beaux et bons, un peu comme la marque “Michel et Augustin”. Je me suis rendu compte que j’avais un besoin constant de créer des produits, d'innover… et ceci n’était plus possible dans ma société Chercheur de miel, à cause de mon ancien associé qui ne souhaitait plus créer de produits supplémentaires et vivre avec l’existant. J’ai été à l'initiative de ce nouveau projet avec comme premier produit les chips, un produit de masse, consommé par tous. Je me suis rendu compte que les chips était quasiment toutes faites en Espagne, et que le marché était tenu par des très gros. J’ai eu envi de me confronter à ces gros faiseurs, en proposant ce qu’ils ne font plus. Ce mois ci, nous sortons une gamme sucrée de pâtes à tartiner dans même style, et une gamme de miel. D’ici quelques semaines, les chips devrait également sortir en BIO.

 

Grâce à de très gros efforts de commercial, nous avons, avec mon nouvel associé, été référencé chez Carrefour, nous sommes en test chez Casino France, d’ici 10 jours en test chez Franprix etc. Nous avons développé un réseau d'environ 300 clients en un an (boucheries, boulangeries, épiceries…).

 

 

Y’a-t-il d’autres expériences marquantes que tu conseillerais à des jeunes étudiants aujourd’hui ou des conseils à leur donner ?

 

Une expérience à l’étranger nourrit le savoir. Elle permet de découvrir d’autres cultures, d’autres façons de penser, de s’ouvrir l’esprit et de se confronter à la réalité parfois dure et cruelle. C’est sans doute la meilleure expérience que j’ai connu, et cela a changé ma vie à tout point de vue. Je n’aurais pas été capable de faire ce que je fais actuellement sans cette expérience.

J’ai vécu des moments humains très forts, j’ai été aussi dans des situations parfois dangereuses, stressantes, (mafia, quartiers malfamés, tentative de vol, corruption, tentatives d’agression…) car j'allais partout, seul ou accompagné de locaux, je ne voulais rien m’interdire et vivre un maximum de choses. J’ai parfois vu la violence, je me suis retrouvé dans des situations parfois ubuesques... J’ai parcouru la forêt primaire avec un villageois chasseur de miel, nous communiquions avec des signes et des mimes, ne parlant moi que très peu le malgache, et lui pas l’anglais ni le français. J’ai vu et connu la misère la plus dure, j’ai vu la mort à plusieurs reprises, j’ai aidé les gens que je côtoyais autant que je le pouvais, et ils m’ont bien rendu les choses en retour. J’ai vécu comme les malgaches, parfois dormi dans la boue ou dans un fossé, parfois je n’avais que du riz sans sel ni rien d’autre comme repas pendant plusieurs jours, ou ce que je pouvais trouver, un poisson, du miel, des feuilles comestibles, un paquet de gâteaux secs ... j’ai fait des périples à pied de plusieurs jours, fait des découvertes scientifiques, des expériences…

Même si j’ai connu des moments difficiles au cours de cette expérience, cela m’a endurci et fait comprendre beaucoup de choses. Me confronter à la dureté de la réalité dans ces pays m’a fait évoluer et me fait encore aujourd’hui voir les choses différemment au quotidien, avec plus de recul.