Retour sur les visites groupées
des BTSA Gestion Forestière par alternance
Arbre Haie Forêt (AHF) : Entreprise de restauration, de recréation et d’aménagement d’espaces naturels
Eric Dedonder : (BTS GPN et GF) créateur et gérant de l’entreprise.
A l’origine plutôt tourné vers la sylviculture, Eric diversifie ses activités vers 2008-2010 afin de proposer des prestations en génie biologique notamment dans le secteur de la préservation des cours d’eau (entretien des rivières, lutte contre les espèces invasives, recréation d’espaces naturels). AHF a planté plus de 200 000 arbres et arbustes et recrée 14 ha d’espaces naturels en 20 ans.
AHF prône une sylviculture proche de la nature et une transversalité de la forêt, ainsi la production de bois peut être envisagé tout en préservant les zones humides. Eric croit en une sylviculture qui peut être modelable dans le temps, en évitant des itinéraires qui empêchent tout retour-en-arrière ou changement d’orientation.
1er chantier : Lône de Pontcharra (38)
Figure 1 Lône de Pontcharra vue du ciel avant les travaux.
La lône de Pontcharra est un ancien bras de l’Isère transformé en gravière (exploitation des dépôts glaciaires) pour la construction de l’autoroute dans les années 60. Cette exploitation a entrainé une diminution du niveau de la nappe phréatique, une augmentation du risque hydraulique et la destruction du milieu naturel (aulnaie-chênaie, roselière et faune associée). Par la suite, l’activité de pêche sportive a entrainé la présence de gros brouteurs limitant le développement des roselières en particulier.
Le projet de restauration de zone humide a été commandité au titre de mesure compensatoire par le syndicat mixte des bassins hydrauliques de l’Isère (SYMBHI) qui a pour mission de protéger les agglomérations contre les risques naturels.
Son financement est multiple : département, Agence de l’eau, national, Europe…. Le chantier sur ce site a coûté dans sa globalité 320 000 euros.
Figure 2 : Zone centrale à herbacées
Afin de favoriser la biodiversité, AHF a recréé une ripisylve (zone d’accueil de l’avifaune et d’une grande diversité en batraciens) par :
Terrassement et création d’un réseau de mares et d’une triple berge avec une végétalisation progressive,
Mise en place de systèmes de protection contre la faune piscicole,
Création d’un ruisseau entre le boisement et la zone humide afin de connecter les milieux et maintenir la continuité écologique,
Plantation d’une haie périphérique constituée d’épineux pour éviter le piétinement de la berge par les promeneurs.
Figure 3 Digue séparant la mare (à gauche) du lac (à droite)
Figure 4 Plantation d’une haie d’arbuste épineux
Le cahier des charges pour cette plantation demande un taux de reprise sur les essences ligneuses de 85% durant la première année, et 70% au bout de 3 ans. Pour les essences herbacées, le taux de reprise se calcule en fonction de la couverture du sol.
Figure 5 Les plants sont protégés avec des matériaux biodégradables
Figure 6 Création d’une mosaïque de milieux en réseau
Quelques exemples de végétaux plantés : saules, carex, menthes, phragmites... L’ensemencement se fait avec des graines locales, les hélophytes sont grossies en godet à partir de mottes mises en culture et les ligneux sont issus de boutures locales. Tous les végétaux plantés doivent répondre à la réglementation du matériel de reproduction végétal. Tous les paillages et les protections sont biodégradables (en matières naturelles : jute de chanvre, bambou…).
Sur le long terme, un bon fonctionnement de la roselière assure un meilleur fonctionnement piscicole et une filtration de l’eau.
2ème chantier : Ancienne gravière de Bois Claret :
Figure 7 Vue d’ensemble de l’ancienne gravière de Bois Claret
Auparavant, ce site était également une gravière pour la construction de l’autoroute. Elle a été rachetée par le SYMBHI. Une partie a été remblayée et AHF a créé une mosaïque de milieux avec des mares connectées et des mares pluviales. Particularité du site : le peuplier blanc s’est développé à 4-5 mètres du niveau d’eau, sur le talus ; le limon qui le compose lui permet de s’alimenter jusqu’à une grande profondeur.
Des groupes d’étude de la flore et de la faune réalisent un inventaire sur le site chaque année.
Figure 8 : Diversité des habitats créés sur le site de l’ancienne gravière de Bois Claret
Les habitats piscicoles représentés sur le schéma ci-dessus correspondent à une zone peu profonde, dense en essences hélophytes et végétaux morts, créant ainsi un secteur d’alevinage.
Le site de Bois-Claret est également utilisé dans le cadre du plan de gestion de la petite massette, cette plante protégée dont l’habitat est lié aux paysages fluviaux alpins.
Figure 9 : Vues du site de l’ancienne gravière de Bois Claret
Le boisement en ligneux s’est appuyé sur les essences typiques de ces milieux : saules, chêne chevelu, peuplier noir, aulne etc…
Cette dernière possède des caractéristiques remarquables :
Des symbiotes au niveau des racines fixent l’azote de l’eau et l’azote atmosphérique,
Des lenticelles sur le tronc permettent une respiration même lorsque les racines de l’arbre se trouvent dans l’eau,
En revanche, il ne possède pas de système de régulation de l’ouverture/fermeture des stomates et ainsi ne supporte le manque d’eau,
Des tanins freinent sa consommation par le castor,
La capacité à vivre dans des milieux à eaux stagnantes.
Figure 10 : Jeune aulne planté
Le choix de l’entretien du site est important : il peut s’agir d’une absence d’entretien en laissant la nature évoluer (par exemple, la chute d’un arbre peut permettre le développement de l’entomofaune).
Justine, Antonin et Julien, BTSA GF 2018/2020