Le travail, c'est la santé...
Comme j'ai envie que vous lisiez cet article, je ne vais pas vous dire tout de suite où il va. Il vous faudra prendre le temps…
Enseignant en BTS Gestion Forestière à l'ISETA (Poisy-Annecy), j'ai grand intérêt pour ce qui se passe dans d'autres pays. Cela permet de prendre du recul, donne des éclairages sur nos pratiques.
Inviter les étudiants à voir les enjeux cachés derrière des aspects apparemment techniques, les inciter à développer leur sens critique (positif ou négatif) me semblent être des éléments indispensables dans une formation forestière digne de ce nom (venez à l'ISETA !). D'autant plus important que le système, et les grosses structures qui vont avec, se satisferaient volontiers de personnes pas trop formées, donc obéissantes ou en tout cas formatables aisément… Mais je m'égare, tel n'est pas l'objet de cet article.
Quand on commence à échanger avec les étudiants arrive forcément la question du sens.
Je cite l'un d'entre eux : "vous nous expliquez des techniques forestières, belles mais complexes ; seulement quand je dois choisir un arbre à marquer, comment puis-je savoir si ce que je fais est bien ?" La question du sens fait évidemment se recouper vie professionnelle et vie personnelle.
Sens du travail, sens de la Vie.
J'aimerais vous faire part d'une belle expérience
personnelle vécue récemment : pendant les deux semaines
des vacances de printemps je suis parti au PORTUGAL.
Enfin cet article avance un peu ! Vous avez au moins de
la géographie… Première semaine en Erasmus, avec la
formation forestière de l'Université de Vila Real,
deuxième semaine à titre personnel.
En pratique la distinction entre une semaine de "travail" et une semaine de "vacances" est arbitraire.
Oui, la première semaine j'ai travaillé, donné des cours (dans l'interaction avec les étudiants de 1° et 3° année), visité l'arboretum de l'université (très intéressant car géré en utilisant les dynamiques naturelles, et non pas simple collection statique) et fait beaucoup d'autres choses encore…. Mais je n'ai pas
souvenir que quelque chose ait été réalisé autrement que dans le
plaisir. Je dois dire que mon interlocuteur portugais est d'une grande gentillesse, et soucieux – pour de vrai – des personnes.
Oui, la deuxième semaine j'ai flâné, visité des monuments, admiré des paysages, fait des photos…. Mais j'ai aussi travaillé, et bien, sans le faire exprès, et c'est là
quelque chose de très agréable. Simplement en me laissant porter là où la Vie voulait m'emmener. Figurez-vous qu'à ce petit jeu, la Vie est très forte : je me suis trouvé à loger, sans rien avoir cherché, juste à côté d'un très beau peuplement forestier de Quercus faginea, un des plus beaux du Portugal ; à loger chez une personne très dynamique, qui m'a fait rencontrer le maire et d'autres
personnes. Et voilà une visite qui va s'insérer naturellement dans le programme du voyage d'études d'octobre ! J'aurais d'autres exemples, mais après je vais
faire long, et ce n'est pas mon genre.
Se laisser porter par la Vie, être dans la combinaison intime travail / plaisir.
Pour autant nous ne vivons pas dans un monde idyllique. Certaines tâches sont fastidieuses. Suggestions : déjà réduire à rien ce qui n'est pas réellement indispensable ; ensuite instiller une dose de plaisir dans le pénible ; enfin mettre en perspective : le pénible n'est pas pénible s'il a en perspective un
plaisir très grand (par exemple, celui d'être réellement compétent – n'est-ce pas les étudiants !)
Pour autant nous ne vivons pas dans un monde idyllique. Certains sont soumis à pression dans un monde professionnel qui n'a pas compris que le plaisir y a toute sa place. A chacun de faire comme il peut, courage donc. Mais avec aussi un élément positif : beaucoup ont quand même plus de marge de
manoeuvre qu'ils ne le supposent. A condition de ne pas trop se laisser dicter des attitudes conformes.
Allez, une citation (juste parce que j'ai envie de me faire plaisir) : "plus vous essayez de rentrer dans le moule, plus vous allez ressembler à une tarte" (Idriss Aberkane, in "Libérez votre cerveau")
A la réflexion il y a bien un fil directeur à cet article, qui l'aurait cru ? Si besoin, liste de mots clés, dans l'ordre :
Gestion Forestière, Analyse critique, Sens, Vie, Plaisir, Travail, Réalité, Courage, Liberté
François Chenot, Juin 2018
Ce projet a été financé avec le soutien de la Commission européenne. Cette communication n'engage que son auteur et la Commission n'est pas responsable de l'usage qui pourrait être fait des informations qui y sont contenues.