Destination la Crète pour les term S !
Suivez leur voyage ici
Ca y est, c’est parti… Notre destination : la Crête, l’île du Minotaure.
Notre objectif est de découvrir au travers des nombreuses visites et rencontres, l’originalité d’un milieu insulaire, l’adaptation des plantes et des animaux à ces milieux particuliers, les différentes productions agricoles de l’île.
Pour ce voyage, nous sommes accompagnés de M. et Mme Mercier, hellénistes à la retraite, qui nous ont guidés dans la préparation de ce voyage d’étude et qui vont nous transmettre toute leur passion pour cette magnifique île.
A la découverte du « peuple » de la Méditerranée
Après une bonne nuit de sommeil à l’hôtel Sofia, tenu par une directrice qui a fait ses études à Grenoble, nous avons eu le plaisir de visiter les laboratoires de recherche marine du centre Thalassakosmos – Creteaquarium (http://www.cretaquarium.gr/fr ).
Nous avons pu visiter l’ensemble des différentes infrastructures de ce laboratoire, all in english, of course :
- Étude des dynamiques de populations à travers l’analyse des otolithes des poissons
- Évolution de la biodiversité planctonique grâce à l’analyse et au séquence génétique
- Suivi de la qualité physico-chimique des eaux, des teneurs en phytoplanctons
- Projet de synthèse de biocarburants grâce à des bactéries marines
- Découverte grâce à des loupes binoculaires, de quelques animaux du benthos
Mais ce qui nous a le plus impressionné, c’est le scanner à rayon X dont s’est doté le centre afin d’étudier la morphologie et la structure de tous les organismes vivants qu’ils étudient. Ce matériel permet de fournir des modèles en 3D de chaque individu. FANTASTIQUE.
Après 2h30 de visites très enrichissantes, nous avons pu comprendre les différents thèmes de recherches et leur interdépendance, mais également nous rendre compte que les métiers de la recherche étaient passionnants, et qu’il était fondamental de bien maitriser l’anglais et les langues étrangères.
La « tête » dans l’eau…
Motivés par cette visite des laboratoires, rendez-vous ensuite à l’aquarium pour découvrir ce peuple qui vit sous l’eau.
À travers une 50aine de bassin nous avons pu admirer la plupart des animaux qui constituent ces écosystèmes :
- Des poissons bien sûr : mérou, bar, 3 espèces de requins, hippocampes …
- Des reptiles comme la Tortue caouanne qui est une très grande tortue de Méditerranée et pour laquelle le centre participe à des programmes de protection
- Des invertébrés parmi lesquels des anémones, des moules, des méduses, …
Génial ! Mais ce n’est pas tout puisqu’une animatrice nous a permis après le repas, de découvrir les « coulisses » de l’aquarium. Nous avons ainsi pu aller sur des plateformes aux dessus des bassins où elle nous a expliqué la gestion des animaux vivants, leur alimentation, le nettoyage de bassins, l’origine de l’eau, … Nous savons désormais comment les requins peuvent être maintenus avec d’autres poissons dans le même aquarium sans qu’ils ne les mangent… Il faut les nourrir 3 fois par semaine (au lieu d’un repas hebdomadaire en milieu naturel) pour qu’ils aient la sensation de satiété.
Puis nous avons fini la visite par une initiative d’un artiste couturier espagnol qui a mis en place avec des pêcheurs, la récolte de déchets flottants (plastiques, filets, tissus, …) et qui avec le concours d’élèves, a confectionné différents modèles de robes… Superbes ! (http://www.medasset.org/our-projects/healthy-seas-a-journey-from-waste-to-wear-fashion-project/ )
En route pour notre deuxième étape :Hania, au Nord-Ouest de l’île…
Elafonissi : un p’tit lagon magnifique où tout le monde veut aller…
Suite à la visite de l’Institut, 80 km de route de montagne pour traverser l’île du Nord au Sud avec en point de mire Elafonissi. Passage de gorges qui sont le domaine du Gypaete (que nous avons aperçu) et des Vautours fauves (que nous avons vus), villages construits dans les flancs des montagnes, plantations impossibles d’oliviers dans des pentes tellement raides qu’il est difficile de tenir debout, … et au bout, la mer !
Elafonissi est un site extraordinaire, d’une beauté spectaculaire mais également une terre de contraste car se côtoient :
- des milieux naturels dunaires extrêmement fragiles et abritant des plantes endémiques que l’on ne trouve qu’ici,
- des hectares de serres maraichères et d’oliviers irrigués en production assez intensives,
- des milliers de visiteurs, des milliers…
Nous avons traversé toute la presqu’ile pour aller sur les derniers contreforts rocheux et observé les infrastructures mises en place dans le cadre de Natura 2000, pour la préservation de ce milieu. Mise en défens des replantations de génévriers cades, barrières limitant l’accés aux dunes, panneaux d’information des touristes… Ce qui a permis au Pancratium maritimum, sorte de Lys des sables, de se redévelopper et de reconquérir ce milieu fragile qu’est la dune.
Cette visite s’est bien évident terminée par un petit bain dans des eaux
turquoise à 26°… Youou…
Les herbiers ne servent pas qu’à nourrir les animaux empaillés…
Les élèves sont toujours circonspects quand on leur demande de réaliser un herbier… « A quoi ca sert ? » « C’est trop dur… » « On y a tout sur les ordi… ! ». Bref !
Lors de la visite du MAICh, l’institut méditerranée d’agronomie de Chania (http://www.maich.gr/ ), nous avons pu rencontrer deux botanistes qui nous ont présentés leurs herbiers. 2000 espèces végétales poussent en Crête, dont 10 % sont endémiques, ie qu’elles ne sont présentent qu’ici ! Un patrimoine génétique inestimable.
Mais pourquoi un institut d’agronomie s’intéresse t’il à la botanique ? Car l’une des production agricole de l’ile est la récolte en milieu naturel ou la culture de PAM, ie les Plantes Aromatiques et Médicinales. Ainsi, les chercheurs de cet institut parcourent la montagne à la recherche de station où se développent ces plantes, prélèvent des échantillons à mettre en herbiers, ainsi que des graines pour la mise en culture. Colonne de tamis pour le tri, tests de germination, mise en chambre froide des graines, … elles nous ont TOUT présentés.
Puis nous avons effectué la visite du jardin où ces plantes sont mises en culture : MERVEILLEUX. Les etudiants sont logés dans de petites maisons circulaires en pierre au milieu de centaines de plantes rarissimes… L’occasion pour nous de voir certaines plantes qui rentrent dans la composition de « tisanes » locales : Sideritis syriacae, Oryganum dictamnus, Thymbra calostachya…
Cette visite a motivé certains élèves à poursuivre leurs études… peut être ici…
Un jardin botanique en hommage aux relations entre l’homme et la nature
Créer un jardin botanique qui montre les rapports de l’homme avec sa nature environnante… Telle était l’idée de Petros, le fondateur de ce parc (http://www.botanical-park.com/ ).
Profitant du désastre d’un important incendie en 2003 parti de la commune de Lakki et qui avait totalement ravagé les collines abruptes de cette vallée située à 25 km de Hania, Petros et ses frères ont voulu montrer comment les hommes ont su tirer part de la Nature pour se nourrir ou se soigner. Sur ces pentes raides, ils reconstruisent des terrasses pour illustrer trois thèmes principaux :
- Les plantes alimentaires tropicales,
- Celles des régions méditerranéennes,
- Et les arbres fruitiers de la Crête
Nous avons pu observer in situ, et de manière non exhaustive, l’arbre à mangue, à litchis, à carambole, à goji, mais également retrouver toutes nos plantes aromatiques avec de nombreux thyms, romarins, sarriette, …
Nous avons également pu déguster de nombreux fruits sur les arbres, et nous rendre compte qu’il existait une telle diversité dans les variétés d’orangers qu’il pouvait y avoir des oranges pour toutes les périodes de l’année. Celles que nous avons cueillies étaient juteuses et très parfumées.
Avant le repas pris sur place avec tous les légumes et herbes récoltées sur le jardin bien sur, Petros nous a présenté les principes du régime crêtois, qui se résume en trois points principaux :
- Une consommation de produits locaux et de saison, ce qui conforte dans nos objectifs éducatifs avec nos élèves : favoriser les circuits courts !
- Se servir de toutes les plantes sauvages que la Nature nous offre et les assaisonner en cuisine. En effet, le peuple crétois, qui au cours de son histoire, a dû affronter de nombreuses invasions, guerres, … a toujours du trouver « sa pitance » dans la Nature. Les anciennes générations connaissent parfaitement toutes les plantes de leur environnement et les utilisent dans leur cuisine.
- L’omni présence de l’usage de l’huile d’olive qu’ils utilisent « sans limite ». Petros nous a dit qu’annuellement, il consommait pour 6 personnes… 300 litres d’huiles. Alors que son chef cuistot concoctait devant nous le plat que nous allions manger ensuite, Petrus a versé 0.5 litre d’huile en nous disant que c’était la « dose normale »…
Petrus a également rajouté que le dernier secret du régime crétois résidait dans un concept très interressant : la « Philoxenia », ie que ce peuple crétois aime particulièrement les étrangers et qu’il est de tradition crétoise de bien accueillir l’autre. On s’en est TOUJOURS rendu compte, ou que nous soyons allé !
Très belle visite tant sur le concept de ce parc, que sur les espèces observées, mais aussi par cette discussion avec Petrus et sa philosophie.
Produire et vivre… mais à quel prix ???
A la suite de la visite du jardin botanique, nous avons continué cette route de montagne en direction du plateau d’Omalos.
La route est très sinueuse et les pentes raides des montagnes blanches « Lefka Ori ». Ces hauts sommets désertiques culminent à plus de 2400 m. d’altitude : le Paknès.
La végétation change assez rapidement au cours de notre voyage et l’on a pu observer des orangers dans le fond de la plaine, des oliviers sur les premières collines, des châtaigniers sur les flancs montagneux, puis des forets de résineux dominées principalement par cyprès et du chêne kermès.
Arrivés sur le plateau d’Omalos, vers 1000m, le paysage change radicalement. Ce « poljie » est en fait situé dans une immense cuvette entourée de sommet et dans lequel les eaux de pluie s’infiltrent. C’est un véritable château d’eau pour les zones de plaine.
Ici, c’est le domaine des chèvres et des moutons que l’on croise partout et surtout là où on ne les attend pas ! Sur la route, mais surtout coincés sous les arbres ou le long des murs à l’ombre tant la chaleur est harassante. Les paysans vivent à l’année dans des conditions très très spartiates pour nous, et ils ont beaucoup de mérite à poursuivre leur activité dans de si difficiles conditions de vie.
Mais une nouvelle folie a pris les hommes : creuser en plein milieu de ce plateau, un immense lac artificiel pour stocker de l’eau et pouvoir irriguer d’hypothétiques cultures telles que ces vergers de pommes au faible rendement. Une véritable balafre dans ce paysage et ces milieux naturels ! Et des investissements colossaux dans une recherche de profit !!!
Avant de redescendre, Pierre MERCIER nous a montré l’entrée des gorges de Samaria (http://www.samaria.gr/language/en/ ) : une beauté absolue !!! 13 km de long, 1000 m de dénivelé raide puisque la gorge plonge directement de plus de 800m… Dominées par des sommets magnifiques… Bref, nous étions tous enchantés, d’autant plus que nous savions que le lendemain, nous dormions dans le tout petit village d’Agia Roumeli, à la sortie des gorges, en bord de mer !
En route pour le paradis … ?
Dernier petit déjeuner avec le lever de soleil sur la baie d’Hania pour nous. Direction le Sud de l’ile et le petit village d’Agia Roumeli auquel on n’accède que par … bateau !
Après avoir quitté la route nationale, on coupe l’ile en direction du sud via le plateau d’Askifou. On retrouve sur une plus petite échelle, le même type de plateau en « poljie » que nous avions rencontré à Omalos la veille. Puis c’est la descente sur la mer de Lybie pour le port d’embarquement de Chora Sfakion où la chaleur est intenable : 35°C à l’ombre !!
Après quelques minutes de navigation, on découvre cette côte sauvage et ces montagnes qui plongent directement dans l’eau. La mer est bleu turquoise, on a du mal à se rendre compte de la chance que l’on a. Notre première escale se fait dans la baie de Loutro. Tout le monde est ébahi par ce village perché avec ces maisons blanches et leurs volets bleus… FANTASTIQUE !
Après une heure, on débarque à Agia Roumeli et on est accueilli par nos hotes : Marie Paule, originaire de la Chaux de Fond dans le Jura suisse, Andreas, son mari et leurs deux fils ! Quel accueil chaleureux, aussi chaud que la température extérieure. Impossible de sortir avant 17h.
C’est à cette heure-là que nous avons entrepris la remontée de la gorge de Samaria jusqu’à l’ancien village d’Agia Roumelli, en partie détruit en 1956 par des inondations catastrophiques. Subsistent encore quelques habitations, et surtout les jardins des habitants, des parcs à moutons et à chêvres, et des ruchers à flancs de montagne.
Les à-pics sont impressionnants, plusieurs dizaines de mètres… Les gardiens de la gorge nous laissent remonter une petite partie après d’âpres discussions… Il y a encore quelques années, c’étaient plus de 4.000 visiteurs par jours qui descendaient cette gorge classée en Parc Naturel !!! et qui débarquaient dans ce tout petit village de 200 habitants pour reprendre le ferry du soir. Désormais, cette folie s’est calmée mais il est fréquent de rencontrer 1000 à 1.500 randonneurs jours que l’on sent épuisés par cette randonnée.
Pour le retour, nous empruntons le chemin des chèvres pour nous rendre au fortin vénitien qui domine la baie.
Encore une journée fantastique…