Sur le terrain…
Observer la forêt… Regarder les arbres pour identifier leur essence… Admirer les houppiers pour percevoir la nécessité d’une éclaircie… Estimer leur vigueur, leur état sanitaire ou leur qualité pour connaître les interventions à prévoir et les planifier… Regarder encore leur forme, le rapport entre la hauteur et le diamètre, estimer leur âge, et cela afin de déterminer comment faire une intervention qui soit judicieuse et pertinente. Remonter le temps enfin, en étudiant les souches ou le port de chaque arbre, pour connaître l’histoire et d’abord la comprendre.
Car si la forêt pousse toute seule, et si les arbres n’ont nullement besoin de l’homme pour survivre, la société a besoin du forestier pour que cette forêt assure un ensemble de fonctions, de la production de bois à la protection de la biodiversité en passant par l’accueil du public et la lutte contre les risques naturels. Et là, oui, il y a besoin du forestier, pour ici, préserver un arbre mort que d’autres auraient coupé, pour là, favoriser un arbre au tronc droit et sans branche plutôt qu’un arbre tordu pour favoriser la production de bois d’œuvre, pour là encore, laisser l’espace nécessaire pour que les houppiers des arbres s’étendent et qu’ils grossissent en diamètre, promesse de production d’une matière renouvelable, pour là enfin, aider cette régénération à s’installer ou juste à pousser en leur amenant une lumière vitale. Et plus encore aujourd’hui, face au changement et à l’urgence climatique, il y en aura besoin, pour choisir les bonnes essences, adapter les peuplements, modifier d’anciennes pratiques…
Car la forêt nous vient en héritage, à nous d’en être à la hauteur. Pour ne pas renouveler les erreurs, comme ces peuplements réguliers et monospécifiques finalement dévastés par le vent ou par un insecte ; pour ne pas risquer des problèmes, en plantant la mauvaise essence au mauvais endroit. Mais aussi à l’inverse, pour parfois reproduire ce que faisait les anciens quand, dans le jura par exemple, ils pratiquaient la cueillette d’arbres.
Et tout cela s’apprend, une réflexion autant qu’une belle éthique à avoir en forêt et deux jolis aspects que nous essayons de transmettre durant deux ans en BTSA GF. Cela se fait évidemment en cours, mais aussi, et le plus souvent possible, d’abord sur le terrain car tout cela, il n’y a rien de mieux pour l’apprendre que de l’observer et de s’en rendre compte concrètement.
Alors tout autour de l’école et d’une forêt à l’autre, là en forêt privée pour inventorier une parcelle ou conseiller un propriétaire, là en forêt publique, nous parcourons la sylve avec les étudiants pour découvrir cela, mais aussi pour qu’à la sortie, en plus des connaissances techniques, ils aient cette amour et cette passion des arbres et de la forêt que seule l’ambiance forestière peut nous transmettre.
Sylvestre Vernier - Co-responsable BTSA Gestion Forestière temps plein