L'ISETA : une expérimentation réussie
sur la production d'alevins de sandre sevrés
En réponse à la 2e mission de la Loi Cadre de l’Enseignement Agricole, la Section Aquacole de l’ISETA participe depuis la création de la filière BTS, au développement de l’aquaculture Régionale à travers la mise en place de programmes d’expérimentation.
Ces programmes sont financés par la Région Auvergne-Rhône-Alpes, à travers le Pôle d’Expérimentation et de Progrès (PEP Aquacole). LE PEP sélectionne et valide les actions de recherche répondant aux problématiques des filières de production : salmoniculture, étang, ….
Le résumé ci-joint présente les résultats de la dernière étude qui s’est déroulée de 2013 à 2015 portant sur la mise au point d’une technique de production d’alevins sevrés de sandre, adaptée au contexte de la pisciculture d’étang de la Dombes. Deux modes de production sont optimisés et comparés.
Des applications sont déjà mises en œuvre dans les installations pédagogiques de l’ISETA. Une opération de transfert auprès de l’entreprise Dombes Étang est également en cours, et devrait être finalisée d’ici fin 2017.
Pour des informations plus complètes, le téléchargement du compte rendu complet est disponible à partir du lien ci-joint.
Production d’alevins de sandre sevrés destinés à un élevage raisonnablement intensifié en milieu contrôlé (2015-03).
Période de réalisation : 2013-2015 : 3 ans
Chef de projet : François Jacquemond, ISETA (859 Route de l’École d’Agriculture, 74330 Poisy).
Partenaire associé : Pascal Dannancier, Dombes Étang (Le Moulin Neuf, Saint Remy, 01310 Polliat)
Contexte et objectif de l’étude :
Face aux difficultés chroniques de durabilité économique rencontrées en pisciculture d’étang, quelques professionnels de la région Rhône-Alpes envisagent sérieusement la diversification de leurs activités aquacoles. Parmi les pistes explorées, l’intégration à la production traditionnelle, d’une production raisonnablement intensifiée d’espèces à haute valeur ajoutée, est envisagée.
Le sandre est l’espèce retenue par l’entreprise Dombes Étang. Cette démarche requiert néanmoins un préalable incontournable : la production maitrisée d’alevins sevrés de sandre dans le contexte professionnel de la Dombes.
L’entreprise Dombes Étang, opérant déjà dans ce domaine, accepte de s’engager dans une démarche d’expérimentation sur ce thème, en partenariat avec l’ISETA de Poisy. L’objectif retenu est la mise au point d’une technique de production d’alevins sevrés adaptée au contexte de cette entreprise dombiste.
La production est envisagée selon deux systèmes d’élevage :
- Le premier se déroule entièrement en écloserie (système recyclé), de la reproduction jusqu’à la fin du sevrage, il est fortement inspiré des principes développés en écloserie marine, et adaptés aux besoins du sandre. La combinaison des facteurs : régime alimentaire – lumière est plus particulièrement étudiée en raison des besoins particuliers de cette espèce, concernant ces deux paramètres.
ISETA, Anesthésie des géniteurs avant biopsie et détermination du stade de maturité
ISETA : bassin de reproduction contrôlée
ISETA, élevage larvaire de sandre en structure expérimentale
- Le second débute en bassins extérieurs fertilisés, de l’éclosion jusqu’à l’âge de 5 semaines ; il se poursuit ensuite en écloserie (système recyclé) pour la phase de sevrage.
Dombes Etang : bassin extérieur de production d'alevins de sandre
Dombes Étang, bassins de sevrage
ISETA, Bassin de sevrage
Une analyse comparative des performances technico-économiques est réalisée à l’issue de 3 années d’expérimentations.
Résultats de l’étude :
En écloserie, l’analyse des effets combinés du régime alimentaire et des conditions d’éclairement démontre que les meilleures performances d’élevage : 27,4 ± 2,2% de survie, 18,8 ± 6,7 mm et 27 ± 2 mg à 30 jours post-éclosion, sont obtenues en régime mixte associant proies vivantes (nauplii d’artémia) et aliment inerte (microparticule « GemmaMicro », Skretting™™) durant les 12 premiers jours d’alimentation, suivi d’un régime constitué exclusivement d’aliment inerte.
Ce régime donne les meilleures performances de survie et de croissance lorsqu’il est associé à un éclairage de faible intensité : 4 lux, de couleur blanc ou rouge, avec une photophase de 12 à 15 heures.
L’emploi de l’aliment Larviva (Biomar™™) donne de mauvais résultats en phase larvaire. De même, l’emploi de la couleur bleue est à écarter : 4% de survie, 23mm et 35mg à J38.
Un premier transfert technique vers les structures de Dombes Etang est entrepris au printemps 2015. L’acquisition du savoir-faire technique reste cependant partielle et ne permet pas une maitrise complète du cycle de production. Une année supplémentaire serait nécessaire pour finaliser le transfert.
Le sevrage d’alevins de 5 semaines, produits en bassins extérieurs, est mené conjointement dans les installations de l’ISETA (2014 et 2015) et de Dombes Etang (2015). La survie post-sevrage varie de 20 à 47% à l’ISETA et de 23 à 53% chez Dombes Etang. L’expérience acquise dans ce domaine laisse préconiser un sevrage précoce des alevins, ce qui implique également une pêche plus précoce des alevins dans les bassins de production, soit 4 semaines au lieu de 5.
Par ailleurs, un tri préalable au sevrage est indispensable pour obtenir des lots homogènes, et limiter ainsi la disparition d’une partie du cheptel par cannibalisme.
L’emploi d’un aliment de transition (ver de vase ou gros zooplancton) n’améliore pas la réussite du sevrage.
Une simulation technico-économique comparant les deux techniques de production : écloserie et sevrage de « 5 semaines », est réalisée à partir des résultats obtenus expérimentalement.
L’analyse des résultats met en évidence pour les deux techniques, la part importante des charges fixes liées aux structures, à l’énergie et au personnel, dans le coût de production. Il en résulte logiquement une baisse du coût avec l’augmentation de la production jusqu’à une limite définie par l’outil de production employé.
La plage de rentabilité est cependant bien distincte pour les deux modes de production. Elle se situe entre 60 000 et 120 000 alevins pour une production en écloserie, avec un coût unitaire variant respectivement entre 0,16 et 0,09€.
Le sevrage d’alevins de « 5 semaines » satisfait quant à lui, un objectif de production plus limité dont la rentabilité semble atteinte avec un effectif défini entre 16 et 32 000 alevins sevrés, pour un coût de production déclinant de 0,16 à 0,11€ pièce.
Perspectives à la fin de l’étude :
En définitive, la distinction des seuils de rentabilité tend à démontrer une complémentarité des deux méthodes de production. La méthode : sevrage d’alevins de « 5 semaines », répond à un objectif de production plutôt limité, destiné à satisfaire en priorité le marché du repeuplement. La méthode : écloserie, nécessite une production plus élevée pour devenir rentable ; elle vise plutôt l’approvisionnement d’élevages intensifiés destinés à satisfaire le marché de la consommation, mais également dans une moindre mesure, le marché du repeuplement.
--> Prochaine piste d’expérimentation : l’application d’une technique de recyclage en réponse aux besoins de prégrossissement d’alevins et de stockage en bassins extérieurs chez les pisciculteurs d’étang de Dombes. Après présentation de différents systèmes et une année de concertation, les professionnels ont choisi la technique du biofloc !
Affaire à suivre en 2017 !!!