Jacques Morel nous raconte la Norvège ... la suite !

 

Les structures en mer ou « fleet » et les principaux règlements associés

En Norvège une fleet est un train de cages avec le système de distribution d’aliments associé. Il y a généralement  8 à 12 cages de 120 à 180m de circonférence pour une profondeur d’une trentaine de mètres selon les possibilités de stockage du site. Une plateforme de stockage et distribution d’aliment est associée avec une capacité de stockage d’aliment de 400 à 600T. Le ravitaillement se fait en bateau avec une ou deux livraisons par semaine. En général ces trains de cages sont sur des fonds de 70 à 100m avec une bonne courantologie liée aux marées. Aucun système d’oxygénation complémentaire n’est nécessaire.

 

La réglementation prévoit un maximum de 200 000 poissons par cage et une densité maximum de 25 kg/m3 qui n’est jamais atteinte dans la pratique. Une fleet ne peut pas produire plus de 4500T mais variable selon les capacités du site,  et doit se situer au minimum à 5 km de la prochaine fleet. Pour des volumes de cage de 20 à 50000m3 selon le diamètre et la forme de la cage, cela ferait une biomasse maximum par cage de 400 à 1000T.

Les smolts sont insérés à raison de 200000 par cage ce qui représente une biomasse dérisoire mais ils ne seront pas changés de cage. On effectuera un changement de filet au stade 1kg. Des pêches partielles auront lieu au stade 3kg pour réduire la biomasse si nécessaire. La croissance se poursuit ensuite jusque vers un poids moyen de 4,5 à 5kg.

 

Les poissons sont nourris approximativement à 1,5% de leur biomasse ce qui peut représenter des distributions de l’ordre de 70T par jour lorsque les conditions sont optimum avec un aliment à 30 à 40% de lipides. Soit à la louche 70T de croissance et 70T de boues par jour. Le choix du site vis-à-vis de la courantologie est essentiel et des analyses du sédiment sont faites régulièrement par l’administration. De même des périodes de jachère sont imposées.

 

Le travail quotidien sur une fleet

Le poste nourrissage occupe une personne en continu, depuis la plateforme d’alimentation une personne gère la distribution du granulé. Le granulé est toujours distribué de jour en un à deux repas qui peuvent s’étaler sur plusieurs heures. La consommation de l’aliment est surveillée par une caméra réglable à distance installée dans chaque cage à une profondeur de 6m environ. Un écran par cage montre le comportement du poisson alors que sur un autre écran on contrôle le volume d’aliment distribué dans chaque. Lorsque cette valeur est atteinte la distribution d’aliment est suspendue. Un panneau général de contrôle indique pour chaque cage le poids moyen, la biomasse, le rationnement, l’indice de consommation et les objectifs de biomasse en fin d’élevage.

Le comptage des morts est aussi une opération quotidienne et se fait de façon aisée en relevant avec un treuil un petit filet conique lesté situé au fonds de la cage. A la surface on récupère les morts que l’on inspecte avant de les stocker dans une cuve équipée d’un broyeur qu’un bateau spécialisé vient régulièrement vider. Dans ce que j’ai pu voir il y avait de 1 à 5 morts par cage sur un effectif moyen de 120000 poissons. Cela fait environ du 10% de pertes par an ce qui est correct. La cause de mortalité est recherchée systématiquement, dans ce que j’ai vu pour près de la moitié des cas il s’agissait larges blessures causées par des oiseaux qui arrivent toujours à se faufiler malgré les filets.

 

La récupération des poissons en mauvais état se fait aussi de façon quotidienne. Il s’agit de collecter avec une petite épuisette les petits poissons qui nagent avec difficulté près de la surface.  Lorsque cette opération a été effectuée, il y en avait un à deux par cage. Ces poissons sont sacrifiés et examinés visuellement, si une maladie est suspectée ils seront analysés. Bien entendu ces diverses pertes sont reportées dans le logiciel de gestion du cheptel.

 

Les poids moyen est réalisé périodiquement en immergeant un cadre équipé de sondes qui est relié à un logiciel. A chaque passage d’un poisson à travers ce cadre, sa taille et son poids sont enregistrés. Après un effectif suffisant, le poids moyen de la cage est inséré dans le logiciel d’alimentation et permet ainsi d’adapter les rations.

Les opérations de maintenance courante consistent au contrôle, en l’entretien et au nettoyage des installations, cages, moteurs et autres avec des routines à effectuer à un rythme adapté. Un atelier bien équipé est présent sur la barge de nourrissage. Les locaux sont bien entretenus et chauffés, dès le passage du vestiaire à l’entrée on s’y déplace en chaussettes ou sandalettes.

Rajoutez à cela une bonne ambiance entre les personnes et un travail peu physique en routine, c’est donc un travail intéressant. Il est vrai que j’y ai travaillé par temps calme.

 

 

Sécurité et confort du personnel à bord d’une fleet

La journée de travail commence à 7h pour se terminer à 17h soit 10H de travail par jour sur 7 jours puis une semaine de repos. Il faut donc deux équipes de 2 à 3 personnes par fleet, ce qui fait une productivité de la MO de 500 à 600T par personne sur la phase de grossissement. Le travail est plus intense en été avec les jours longs que lors de la période hivernale. Le personnel se rend sur la fleet avec des bateaux de type hors bord ou le plus souvent des bateaux plus importants avec un ou deux bras hydrauliques selon les opérations à réaliser. Ils ont en outre l’avantage d’avoir une cabine chauffée ; j’ai pu apprécier la différence entre les deux types de transport !

 

La sécurité et le confort du personnel sont des points essentiels, bottes, gants, combinaison, gilet de sauvetage, radio, casque sont fournis par l’entreprise. Chaque jour on m’a ainsi équipé et il est hors de question qu’un personnel ne respecte pas ces consignes. De même sur les plateformes de distribution d’aliment, il y a des locaux pour le personnel, une cuisine équipée, un salon, des ordinateurs, des sanitaires… Des boissons chaudes et aliments sont à disposition. Cela parait très cosi mais après plusieurs heures de travail dans le froid et parfois la nuit c’est très appréciable.  De même pour se rendre sur une fleet, pour travailler sur les cages, il faut toujours être au moins deux.

 

Le travail étant peu physique, il y a un certain nombre de femmes dans le personnel des fleet, cependant la forte amplitude horaire ainsi que le travail de week end pose problème aux mères de jeunes enfants.

 

 

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